L’action annuelle « Back to School » est une activité à laquelle Goods to Give consacre beaucoup d’efforts, et ce déjà pour la neuvième année consécutive. En effet, le besoin de fournitures scolaires de qualité et à prix abordable est et reste élevé. L’une des organisations qui participe pleinement à cette action est Binnenste Buiten, une épicerie sociale de la ville d’Anvers dont la mission est unique : aider les personnes précarisées à se sentir mieux à l’intérieur et à l’extérieur, d’où le nom “Binnenste Buiten”. Nous nous sommes rendus au Kiel, l’un des quartiers les plus défavorisés d’Anvers.

Pendant un instant, elle a envisagé d’annuler l’entretien. Car Anneloes Van Osselaer, coordinatrice de Binnenste Buiten, venait de vivre une matinée mouvementée. « Le début de notre action « Back to School » a été fulgurant. De longues files de clients attendaient (im)patiemment. Au lieu de me mettre à mon administratif, j’ai donné un coup de main pour gérer le flux », explique Anneloes tout en nous faisant visiter fièrement son magasin dont se dégage une atmosphère chaleureuse et accueillante. Un grand soin a été apporté à la présentation des produits. « Cela permet aux clients de se sentir accueillis et respectés, ce qui est essentiel pour leur bien-être. »

A l’intérieur et à l’extérieur

Fondé en 2005 – Anneloes était encore à l’école – Binnenste Buiten est né de la conviction que tout être humain a droit à une vie digne, comme le stipulent l’article 23 de la Constitution belge et l’article 1 de la loi sur les CPAS. Ces valeurs fondamentales sont au cœur de la mission de Binnenste Buiten : fournir un soutien matériel (physique), associé à un accompagnement vers une autonomisation (psychologique), dans le but d’apporter un changement positif dans la vie de ses clients. « Il y avait une lacune – identifiée par les travailleurs sociaux – dans le service. En travaillant sur ces deux dimensions, nous sommes devenus un acteur unique dans le domaine du travail social.»

La devise de Binnenste Buiten, « Ceux qui prennent soin de leur intériorité rayonnent à l’extérieur. Ceux qui prennent soin de leur apparence extérieure se sentent mieux à l’intérieur », souligne le lien étroit entre le soin de soi et l’apparence. « L’idée est qu’une image positive de soi contribue à la capacité des gens à mieux s’intégrer dans la société, à suivre une formation, à trouver du travail et à assurer leur bien-être général.»

Différentes branches

Il y a des gens avec qui on ne peut pas s’arrêter de parler. C’est le cas d’Anneloes Van Osselaer. Une jeune femme enthousiaste qui ne mâche pas ses mots et prend son travail très au sérieux. Evelyne, ambassadrice de Goods to Give, et moi-même avons pu en faire l’expérience : « Notre activité est parfois qualifiée d’épicerie sociale, mais nous sommes bien plus que cela ». Bien vu, Anneloes.

Binnenste Buiten combine efficacement plusieurs branches. Il y a une boutique sociale (de vêtements), un salon de soins, un atelier de couture et des conseils et accompagnement par des travailleurs sociaux. « Nous aidons environ un millier de personnes par an. Les travailleurs sociaux des centres d’hébergement de la ville d’Anvers nous envoient les hommes et les femmes qui se trouvent dans une situation financière précaire. Cela se fait après une enquête financière. La plupart de nos clients reçoivent un salaire de subsistance et viennent de la ville ou d’un de ses quartiers. Un centre d’hébergement peut également introduire une demande, mais nous procédons alors nous-mêmes à l’enquête sur les revenus. Après tout, l’objectif est de s’assurer que tous les produits atteignent les bonnes personnes.

Magasin social pour la dignité et l’autonomie

Le magasin social est ouvert les mardis, mercredis et jeudis. Les clients peuvent y acheter de nouveaux vêtements, chaussures, accessoires et produits d’hygiène, ou les recevoir gratuitement, après avoir été orientés. « Nous proposons des expériences de shopping dans notre boutique avec un large éventail de nouveaux produits et nous essayons de présenter l’assortiment de la manière la plus attrayante possible. Ainsi, même les personnes précarisées ont accès à des marques connues et à des produits de belle qualité. Dans ce cadre agréable, elles peuvent choisir elles-mêmes et, à leur demande, recevoir éventuellement de l’aide, par exemple des conseils de style, de la part du personnel. »

Le salon de soins est également un lieu incontournable. Pour un euro symbolique, les clients peuvent y bénéficier de services tels que manucures, soins du visage et coupes de cheveux, l’accent étant mis sur l’importance de prendre soin de soi. Juste une heure de son temps pour soi.  « Selon nous, prendre soin de soi et s’accorder du temps est primordial, même si, bien sûr, il faut que ça fasse du bien aussi (rires). Après le soin, nos clients peuvent également choisir un produit de beauté gratuit. Voir des personnes rayonnantes après un traitement nous procure également un sentiment de satisfaction immédiat. C’est bien pour ces yeux qui brillent que nous le faisons ».

Dans l’atelier de couture, certains collaborateurs travaillent avec application. Ici, on retouche des vêtements et on fabrique des uniformes scolaires. L’atelier répond aux besoins du magasin. « Qu’est-ce qui manque ? Que pouvons-nous fabriquer nous-mêmes ? Aujourd’hui, il s’agit surtout de vêtements scolaires, de pulls, de vêtements d’hiver, d’écharpes, mais nous travaillons aussi pour des occasions comme le carnaval.” A en juger par la taille des piles de tissu, il y a encore du pain sur la planche.

Améliorer le bien-être psychologique et la confiance en soi

La quatrième composante sur laquelle repose Binnenste Buiten nous amène vers un aspect plus psychologique : l’accompagnement et le coaching. Cette approche repose sur le renforcement de la confiance en soi, de l’estime de soi et de la santé des clients. Le travail en groupe et d’accompagnement individuel permettent de mettre en place des actions pratiques de soins, telles que des conseils en matière de style, l’accompagnement concernant les soins dentaires et le traitement des problèmes d’hygiène. « Nous disposons pour cela de travailleurs sociaux internes, ce qui nous rend uniques. Ils travaillent sur le soin par soi-même au sens large du terme. Encore une fois, l’intérieur et l’extérieur. Par exemple, dans le cas d’une personne très stressée, nous cherchons à savoir où se trouvent les causes de stress. Quelles mesures pouvons-nous prendre pour les atténuer ? Nous travaillons très souvent avec les travailleurs sociaux des centres d’accueil de la ville d’Anvers. Les problèmes extérieurs peuvent être des problèmes d’hygiène ou des problèmes dentaires, qui peuvent à leur tour constituer des obstacles sur le marché de l’emploi et du logement.

Défis et opportunités en matière d’accompagnement

Binnenste Buiten fonctionne avec une équipe de six permanents, dont la coordinatrice et trois travailleurs sociaux. « En plus de notre propre travail, chacun d’entre nous tourne régulièrement dans le magasin, pour garder le contact avec les clients ou par nécessité, comme ce matin. » En outre, une grande partie de leurs efforts vise à activer les personnes recevant une allocation et à les préparer à franchir d’autres étapes dans leur carrière. « Nous avons actuellement une dizaine de personnes qui suivent un parcours les préparant à être engagés dans le commerce de détail, l’administration, un atelier ou comme esthéticiennes. Ces parcours professionnels peuvent les aider à trouver un emploi stable et à améliorer leur statut social. Et ça, c’est du solide. Encadrer des personnes éloignées du marché du travail est une tâche complexe qui demande beaucoup de patience et de souplesse. Accompagner ce groupe n’est pas sans difficultés. Il y a souvent des problèmes et obstacles supplémentaires dont il faut tenir compte ».

Les employés permanents sont rémunérés par la ville d’Anvers. En ce qui concerne la logistique et l’informatique, Anneloes peut également faire appel à des collègues de l’administration municipale pour Binnenste Buiten.  « Les revenus du magasin, limités, sont presque entièrement consacrés aux commandes de Goods to Give, à l’achat de tissus pour l’atelier de couture ou de produits de beauté pour le salon de soins personnels. »

Une synergie solidaire

Cela nous amène tout naturellement à la collaboration avec Goods to Give, qui a été lancée il y a plus de quatre ans. La synergie entre les deux organisations est évidente. « J’y trouve naturellement les produits nécessaires à mon groupe cible. Les promotions sont également très intéressantes. Je dois alors me retenir de commander trop de produits. Ce qui me plaît surtout, ce sont les paquets composés de plusieurs produits de soins et de beauté, les kits d’hygiène ou les paquets cadeaux pour la fête des mères ou quelque chose de spécial pour la Journée de Lutte contre la Pauvreté. Il doit tout simplement continuer.”

Anneloes aime travailler avec des personnes avec lesquelles il y a une bonne entente et coopération, qui connaissent bien le fonctionnement, la vision et le concept de Binnenste Buiten et qui passent de temps en temps. Lorsqu’Evelyne demande si sa contribution en tant qu’ambassadrice apporte une valeur ajoutée à Binnenste Buiten ou si elle ne sert à rien, la coordinatrice la rassure en riant. « Je pense que votre travail est vraiment utile et qu’il va dans différentes directions. Vous pouvez aussi donner un feed-back à Goods to Give, par exemple. Vous voyez le matériel scolaire ici, dans l’entrepôt, mais vous voyez aussi qu’il est intégré dans l’opération. Il se trouve à côté des uniformes. L’histoire est cohérente. Pour moi, il est très important que vous puissiez faire savoir que nous agissons de la bonne manière.”

Demande croissante de produits non alimentaires

Outre son travail de coordinatrice à Binnenste Buiten, Anneloes Van Osselaer travaille également comme consultante en bien-être pour la ville d’Anvers, où elle effectue un travail politique sur les questions liées à la pauvreté. Travailler à la fois sur le plan stratégique et sur le plan opérationnel lui donne une vue plus large. Elle constate par exemple que les besoins matériels des Anversois augmentent considérablement. Par l’intermédiaire des Maisons de l’Enfant, par exemple, elle perçoit des signaux indiquant que les manques sont nombreux. « La nourriture reste primordiale, mais il y a de plus en plus de demandes pour des produits non alimentaires, pour des vêtements décents. Il y a une demande pour toutes sortes de vêtements, d’accessoires (comme les écharpes et les bonnets) et de chaussures plus habillées. Mais aussi pour des produits très spécifiques.  Par exemple, les vêtements de maternité, les vêtements pour adolescents ou de très grandes tailles. Les besoins sont gigantesques, surtout de la part des centres d’hébergement. Le matériel scolaire, je peux le proposer tout au long de l’année. Par exemple, des sacs à dos de qualité, en matière solide et durable, qui peut tenir le coup longtemps.

Aussi réaliste qu’elle soit, Anneloes sait qu’avec Binnenste Buiten, elle ne peut s’adresser qu’à une petite partie de la population de la ville. C’est pourquoi elle ne fait pas vraiment de publicité non plus. « Cela reste un grand défi de tout faire tourner. Surtout dans un magasin où l’on veut que tout soit bien rangé et propre. C’est un défi sur le plan logistique et en termes de personnel, car c’est un travail physiquement exigeant.”

Mais le plus grand défi reste la demande croissante d’une offre de qualité. « Surtout pour les enfants. Les clients recherchent du matériel pour aider leurs enfants à ressentir le moins possible la pauvreté. Si l’endroit était bondé de mères ce matin, c’est parce qu’elles veulent que leur progéniture prenne un bon départ le jour de la rentrée. Et parfois, cela passe par une paire de chaussures Vans à la mode. Nous savons déjà à quel point ce fils sera fier d’entrer à l’école (sourire) ».

Back to School: un soutien pour la rentrée

L’action « Back to School » est l’un des temps forts annuels chez Binnenste Buiten. « Nous aimons particulièrement les sacs à dos et les plumiers. Les autres fournitures scolaires telles que les marqueurs, les stylos et les boîtes à tartines, parmis d’autres, sont également très demandés ici. Les gens reçoivent un caddie par famille, un noir ou un “Reine des Neiges” s’il s’agit d’enfants. Ce caddie est rempli de matériel scolaire : une boîte à tartine, un plumier, un cahier et une farde, des marqueurs, etc. Ils peuvent également acheter eux-mêmes d’autres fournitures scolaires. Et un nouveau sac à dos, par exemple, coûte 2 euros. Résultat : c’est toujours très rapide ». Anneloes prend elle aussi son envol. On l’attend de nouveau dans le magasin, car la campagne scolaire se poursuit à plein régime.

 

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